Travaux Personnels Encadrés

La Bioéthique

Le TPE

Le Don d’organe

Introduction

Quand le cœur peine à battre, que les reins ou que les poumons respirent mal, quand plus aucun traitement n’est possible, la greffe d’organe reste la seule solution pour préserver la vie. Rien qu’en France, 3945 personnes ont été ainsi sauvé en 2004. Le prélèvement chirurgical peut s'effectuer sur des personnes mortes en état de mort cérébrale (don d'organes post mortem) ou sur des personnes vivantes (don d'organes de son vivant). Il s'agit de la première étape avant la réalisation d'une transplantation chez un receveur. Le don d'organe se différencie du don du corps à la science. Ce dernier a pour but de faire progresser la médecine ainsi que les connaissances et le savoir-faire des chercheurs et des étudiants. Nous allons ici voir les problèmes éthiques liés aux dons d’organes, le principe de la greffes, et les espoirs dans de nouvelles techniques médicales.

Les Allogreffes

Quelques rappels

Repères :
La première greffe réussie, celle d’un rein réalisée à boston (Etats-Unis) par le chirurgien Joseph Murray, date de 1954. Dès la fin des années 50, pour contrer le rejet totale du greffon, on recourt à l’irradiation totale du patient par les rayons X. Avant que, dans les années 60 et 70, des corticostéroïdes et l’azathioprine ne soient utilisés. Mais le taux de rejet reste élevé, jusqu'à l’arrivée de la cyclosporine, en 1980, qui va marquer une révolution. Car dès lors, 50% des greffés du cœur ont une espérance de vie supérieure à cinq ans. Depuis, sont apparus d’autres antirejet, comme le tacrolimus. Reste que 25% des transplantés pour un rein survivent moins de cinq ans. Et après quinze ans, 50% des greffons sont rejetés.

Réglementation :
Le 29 janvier 1999, les 41 pays du Conseil de L’Europe ont voté un moratoire sur les xénogreffes. En France, depuis la loi de juillet 1998, seule l’autorisation préalable du ministère de la Santé et de L’établissement français des greffes permettrait à des chercheurs de pratiquer des xénotransplantations (transplantations d’organes d’animaux chez l’homme. A noter : Le Vatican a approuvé, le 26 septembre 2001, les greffes d’organes à partir de tissu ou de cellules animales sur l’être humain.

Les contraintes liées à la greffe

Les greffes donnent de grandes chances de survie du patient mais une chance de décès chez quelqu’un en bonnes santé, cela implique un choix éthique difficile. Est-ce que le fait de « sauver » un proche représente-t-il un bénéfice psychologique pour le donneur ? Cela justifie-t-il une atteinte physique ?
Lorsque l’on annonce à quelqu’un qu’un de ses proches va mourir, il ne réfléchit que trop peu au risque et regrette son geste au vu des conséquences. Des débats portent sur la gratuité du don en France : Est-ce injuste pour le donneur qui est le seul à assumer les risques du prélèvement sans tirer aucun bénéfice ? Conséquences néfaste pour le donneur : problème médicaux, professionnelle, financières (certaine assurance ne couvre pas les « mutilations volontaires » donc don d’organe) On peut donc dire que le don d’organe est neutre financièrement et non gratuit. Il faut cependant faire la nuance entre indemnisation et rémunération.

Deux philosophies s’opposent :
-philosophie kantienne : indivisibilité du corps et de la personne. Si les choses ont un prix, les hommes ont une dignité à laquelle ils ne doivent pas renoncer. On peut donc donner un organe car on reste dans la relation avec une personne mais on ne peut pas le vendre au risque de perdre sa dignité.
-plaire au plus grand nombre : on a besoin d’organe, l’état rémunère les donneurs
Le décret n°2009-217 : la sécurité sociale prend en charge les donneurs et leur complication. Les donneurs n’intègre pas le système de soins pour y être traité mais pour accomplir un geste altruiste, courageux et risqué. Faut-il que ce geste soit aussi complètement gratuit pour être morale ?

Le rejet est une autre grande contrainte du don d’organe entre être humain. Tout est lié au problème de compatibilité entre le donneur et le receveur. S’il est incompatible, ce qui est très fréquent, le système immunitaire du patient va reconnaître l’organe comme un corps étranger et commencer à le combattre. Ainsi le greffon se nécrose et ne devient plus fonctionnel, un nouveau don s’impose donc au risque de grandes complication.

La pénurie d’organe et sa solution

Les greffes permettent de sauver des vies, mais il y a pénurie d’organes. Pour y faire face, il est possible dans certain cas de recourir à des donneurs vivants. Cette solution n’en soulève pas moins de redoutables problèmes éthiques. L’une des solutions actuellement proposées pour lutter contre la pénurie de greffes est le recours au don entre vivants. En effet si la greffe propose une solution efficace pour les malades (avec en moyenne 70% de survie à cinq ans pour le cas du foie) elle repose sur le morcellement du corps d’un donneur en bonne santé. Le prélèvement est risqué dans le cas de la transplantation hépatique avec donneur vivant (THDV) Cette technique est possible car le foie est composé de deux lobes et qu’il se régénère chacun. Lors de la transplantions le donneurs donne un lobe au patient. Le foie va se régénérer pour ne former qu’un gros lobe. Lors du don d’un foie pour un enfant, 40% du lobe est prélevé ce qui donne 0.2% chances de décès chez le donneur et 8.5% à 30% de complication chez le receveur. Pour l’adulte, 60% du foie est prélevé 1% de décès, 31% de complications.
La greffe entre être vivant permet de :

  • réduire l’attente du malade
  • repousser l’intervention
  • meilleurs qualité d’organe
L’attente en France pour une greffe est d’en moyenne 3 ans.

« Le don d’organe est une réflexion que chacun doit avoir, sachant que la greffe entre les membres d’une même famille est possible pour certain organes, comme le rein » Antoine Durrbach de l’hôpital du kremlin Bicêtre.

Cependant il existe une solution contre les rejets : Depuis plus de 20 ans, la principale substance anti rejet utilisé est la cyclosporine, elle ralenti le système immunitaire mais elle favorise la survenue d’infections et de cancers et surtout elle endommage le rein.
En aout 2005, une équipe de chercheurs européens, canadiens et américains a révélé qu’une molécule, le belatacept, éviterait le rejet sans toxicité. Entre mars 2001 et décembre 2003, 218 patients greffés du rein ont reçu pendant un an soit des injections de belatacept soit de la classique cyclosporine. Au bout de douze mois les résultats sont significatifs : le taux de rejet est le même entre les deux molécules. Seulement, la nouvelle molécule préserve le rein d’une attaque du système immunitaire sur le long terme ainsi la fonction rénale est bien meilleurs.
Le fonctionnement de cette molécule se détaille en trois étapes :

  1. LE GREFFON EST REPERE
    Après la greffe, les cellules dendritiques (sentinelles de l’immunité) migrent dans le greffon. Elles détectent l’origine étrangère du tissu et donne l’alerte dans les ganglions, origine du système immunitaire.

  2. LA PROCEDURE D'ALERTE EST LANCE
    Dans le ganglion, la cellule actionne deux serrures moléculaires sur les lymphocytes T (cellules immunitaires) pour déclencher le rejet.

  3. LA REACTION N'A PAS LIEU
    Le balatacept se fixe sur l’une des clés de la cellule dentrique et bloque la réaction immunitaire. Le greffon est indétectable.

Les xénogreffes : Une solution plus viable ?

Historique xénogreffe La greffe d’organes d’animaux sur l’homme, ou « xénogreffe » permettrait de résoudre la pénurie de dons d’organes. En France sur les 12 450 personne attendant une transplantation en 2006, seul 4428 en ont reçu une et 239 sont mortes. Jusque-là c’est impossible : rejet du corps humain qui reconnaît l’organe étranger. Or l’équipe de Tu Chin-Fu, directeur du service biotechnologie de l’institut des animaux de Taiwan est parvenu à créer des animaux transgéniques (des hybrides) exprimant un ou plusieurs gènes humains. Cette équipe est parvenue à insérer six sortes de gêne antirejet dans le matériel génétique du porc.

Le 14 décembre 1995, Jeff Getty est installé sur la table d’opération de l’hôpital général de San Francisco. Il est victime du VIH depuis des années, la maladie à gagner du terrain. Désespérer, il recherche des solutions pour guérir cette maladie. La seul viable est la xénogreffes (greffes animale sur humain). Seulement la législation américaine interdit ce genre de pratique. Jeff va lutter, avec l’aide de la population qui défend son cas, pendant deux ans pour obtenir l’autorisation de cette greffe. Les medias et la population ont fait céder les autorités. « Si mon histoire a fait le tour de la planète, c’est que son héros est un type ordinaire. Un type en train de mourir d’une maladie et qui a fait plier le gouvernement, en l’obligeant à faire ce que lui, et lui seul, voulait » (Jeff Getty) L’équipe médicale décide de lui administrer des cellules de moelle épinière de babouin, espèces proches de la nôtre avec un système immunitaire sachant se défendre devant la maladie du sida. Getty est opéré. Si l’intervention se déroule bien, les cellules de babouin ne survivent que 13 jours. Pourtant le patient se sent mieux. Un an après Getty est en plein forme et a repris du poids. D’après les médecins il est possible que les cellules de babouin aient appris au système immunitaire de Jeff à se défendre du VIH, pourtant, l’amélioration de l’état de Jeff n’ai pas anecdotique.

Le principe de la xénogreffe

Pour pallier à ce problème récurent de la pénurie les scientifiques ont eu l’idée de fabriquer des porcs transgénique pour que le corps humain ne reconnaisse pas les organes porcins. Les organes de ces animaux sont modifiés génétiquement suivant une technique rigoureuse :

Image explicative de la greffe humain-porc
La greffe Porc vers Humain
Ses problèmes éthiques et contraintes

En théorie cette pratique semble idéale, toutefois elle comporte de multiples risques. La transmission de virus animale chez l’homme est un des principaux aléas lié a la xénogreffe : Seulement une étude de la revue science montre en 1999 que sur 160 personnes ayant été en contact avec des cellules ou des organes animal, aucune n’a été contaminé par un virus animal. Cependant en 2000, des chercheurs américains ont démontré qu’il était possible d’infecter des cellules humaines cultivées en labo avec des rétro virus animal. Avec ces données contradictoire, il est difficile d’y voir claire, c’est pour cela que l’Europe reste très prudente avec ce type de don d’organes.

Le rejet est un autre risque : Si un organe étranger est introduit telle qu’elle dans le corps il sera détruit immédiatement par le système immunitaire de l’homme. Ainsi plusieurs pistes ont été explorées par les scientifiques. Ils ont émis la possibilité de ralentir le système immunitaire mais le patient sera plus susceptible d’attraper d’autres maladies. Les laboratoires se sont donc penchés sur la manipulation génétique pour rendre l’organe de porc acceptable pour l’homme. C’est ce qu’on appelle des porcs transgéniques.

D’autres associations refusent catégoriquement le fait de cultiver les porcs en batterie de cette façon : a-t-on le droit en tant qu’être humain d’asservir une espèce au bénéfice de la notre? Face a cela les scientifique et tout autre défenseurs de la xénogreffes répondent, et à juste titre, que les porcs sont déjà élevé pour leur viande alors pourquoi pas pour sauver des vies humaines…

Où en sont les débats ?

Les débats à propos de ces greffes sont vifs et font régulièrement surface dans les journaux scientifiques comme le montre cette « affrontement » entre Pierre Le Coz (philosophe) qui est contre ce procédé et Alain Tenaillon (responsable du pôle stratégique et greffe de l’agence de biomédecine) qui est pour :

Pierre Le Coz :

  • Certain patient ne supporterai pas de savoir qu’il a des organes d’animaux, ils se sentiraient hybride et ne supporterai pas le regard de la société sur eux.

  • Cela favorise la transmission de grave virus ou maladie (grippe porcine, ou nouvelle maladie qui se combinerait avec celle des humains) : Pour sauver des milliers d’humains attendant désespérément une greffe, pouvons-nous risquer de créer de virus qui en décimeront des millions ?

  • L’homme peut-il se servir d’autre espèces comme réserve d’organe ? Le porc risque de devenir plus proche de l’homme que du cochon. L’élevage de porc destiner au don d’organe risque d’en faire de pur objet d’exploitation et de les faire souffrir.

Alain Tenaillon :
  • La xénogreffes permettra de pallier à la pénurie d’organe

  • Cela évite les problèmes lié au don humain (ça rend quelqu’un en bonne santé malade, manque de respect, encourage la commercialisation)

  • Peu probable que cela affecte le changement de personnalité, pas plus qu’avec un don humain,

  • Le bien être des hommes passe avant celui des animaux s’il ne souffre pas trop lors du prélèvement.

Conclusion

Le don d’organe est un problème éthique souvent médiatisé à cause de la pénurie d’organe toujours importante en France. C’est une pratique de plus en plus répandu en France, la population accepte de plus en plus de donner ses organes gratuitement. Seulement la greffe comporte de nombreux risques et contraintes surtout entre êtres vivants : les complications médicales, la responsabilité, le risque de rejet, etc. La xénogreffes parait la solution la plus viable mais c’est celle qui soulève le plus de problèmes éthique.

Est-ce que la xénogreffes, c'est-à-dire la transplantation d’organes animales sur l’homme, est elle acceptable et faisable ? Vaste question… On voit qu’au fil des avancés scientifiques cette pratique peut être mise en place avec de moins en moins de risque de complication pour l’homme. Nous avons donc les moyens de mettre en place cette technique seulement il faut que les mentalités des européens changent pour espérer greffer librement des reins de porc et ainsi des milliers de vie humaine. Il faut accepter la possibilité d’élever les cochon en batterie pour palier a cette pénurie d’organe.

La xénogreffe parait donc la meilleur solution contre aux problèmes liés à la greffes. Si l’on peut sauver des vies en élevant les animaux pour autre chose que de la nourriture, il faut accepter d’un point de vue éthique de rendre l’homme un « hybride », mais pas sans se protéger des divers maladies et problèmes de rejets. On peut alors modifier l’être humain dans certain cas jusqu’à changer sa part d’homme si c’est pour lui permettre de vivre.

Seulement il faut du temps pour que l’inconscient collectif change. Heureusement, l’engouement qu’à provoquer le cas de Jeff Getty laisse présager un changement sur le long terme, d’un lourd problème éthique.